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Communauté d'échange, témoignage photographique et rédactionnel

"ORIENT OCCIDENT, des passerelles arc-en-ciel"

L'INSTITUT CHARLES CROS

Présente

FIGURES DE CONSCIENCE

Catherine Raynal

FIGURES DE CONSCIENCE

      La touche est expressive et mouvante. Les couleurs sont telluriques et franches. C'est fort et bien planté! A priori rien de calme ni de reposant pour les yeux. Or nulle angoisse! Cela n'émerge-t'il pas de ces peintures de la Présence?

     Cette série de grands formats semble hantée par des silhouettes ocre rouge, pigment broyé, matière minérale originaire. Une terre glaise travaillée dans la pâte semble à l'origine de ces silhouettes solitaires. Figures sans identité encore en modelage sous la main du peintre-sculpteur, Figures prises dans le processus même de la création, encore en devenir.

    Ces silhouettes sans regard qui nous dévisagent se laissent surprendre. Tout en surgissant elles captent notre regard, nous projettent à l'intérieur même de la toile. Regard invisible et donc de l'Invisible, non pas ouvert sur des régions éthérées mais sur ce qu'il y a de plus terre à terre - au sens propre et noble de la matière première, de ce qui est fondateur. Le miroir d'une terre glaise.

     Ces silhouettes qui s'affirment dans toute leur verticalité surgissent toujours d'un sol. L'ancrage est certain!

     Autour de ces grandes formes peintes s'esquisse un paysage - évident comme des couleurs d'enfant. Ces toiles sont nettement construites sur une dichotomie bleu/vert - dans un rapport aux éléments fondateurs: le Ciel et la Terre, peut-être au Feu, qui irradie ici ou là sous le rouge.

    Si rien n'est mimétique, tout est reconnaissable. Je ne suis pas perdu, je m'y retrouve en terrain de connaissance, et pourtant ...

    A quoi, en tant que spectateur, suis-je invité? Ce qui n'est pas moi mais en fait part, m'envisage et m'interroge. De la Matière et non rien d'autre, je prends conscience de ce qui m'environne. Je suis fait de ce bleu azur, de ce vert explosif,  de ce noir profond, de ce blanc qui nimbe.

     Ces grandes silhouettes expressives qui mettent en arrêt et pourraient glacer, m'offrent pourtant une place. Un espace à l'intérieur de la toile s'ouvre à moi - on remarquera que si les silhouettes sont le plus souvent ancrées vers la droite, un espace réflexif m'est toujours proposé sur la gauche. De là, le réel même de la matière s'épanouit en figures autonomes et flottantes. Il s'ouvre à mon propre univers mental, à mon imaginaire profondément obscur - non pas angoissant, mais qui livre à l'interrogation.

Guillaume Legrand 2010

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