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Communauté d'échange, témoignage photographique et rédactionnel

D'UN TRAIT
Autour des œuvres de Serge Griggio

Narbonne, chapelle des Pénitents-Bleus, place Salengro

du 5 juillet au 19 septembre 2021

 

 

 

 

Proposition de texte pour l’exposition de Serge Griggio

D’UN TRAIT

     En tant que peintre, amoureux des couleurs, je sais avec Serge Griggio que dessiner c’est s’abandonner aux plaisirs du trait et non à celui de la couleur. Alors oui, je crois bien être plus peintre que dessinateur.

     Et pourtant, depuis l’enfance, l’adolescence, et encore aujourd’hui, j’ai accumulé un grand nombre de dessins. Car le dessin c’est tout le temps et à n’importe quel moment. Dans une marge, un coin, un carnet, un post-it... pas seulement sur une feuille de papier mais sur du bois ou du formica, celui des tables scolaires, où le dessin devient graffiti d’écolier avant de couvrir les rues et les murs - une trouée dans la matière... un trou pour y mettre le doigt et l’œil.

     En fait dessiner ce n’est pas être dessinateur, car le dessin est avant tout un trait hors temps. Il peut autant être appliqué, avec la langue au bout des dents et la gomme à portée de main, qu’être gratuit: une éternelle griffure, rature, spirale infinie, cet incorrigible oubli de soi - et des autres !

     Mais esquisser un trait c’est aussi échafauder un projet futur qui tient compte de l’appréciation des autres : collaborateur, public, critique, ce qu’on nomme l’esquisse. Et c’est le temps qui revient. S’il n’est plus gratuit il se fait prospectif: le trait jeté en avant, l’impulsion d’une volonté , d’un désir transcrits par la main pour atteindre l’autre dans une accumulation de carnets. Car le trait de toi à moi c’est immédiatement Nous ! Notre histoire, le Théâtre du Trait.

     D’un trait. Étrange moment inclassable, qui explose tout :
qu’il soit professionnel ou amateur, qu’il soit contourné, chantourné, stylé, ou rageur, gribouilleur, destructeur, exhibé ou caché, sain ou malade, adulé ou censuré... il a cette capacité de tout recouvrir et dire à la fois.

     Et, comme souvent, c’est le regard - rétrospectif, qui fait tout : aujourd’hui apprécié, demain dévalorisé, abandonné dans ses cartons ou remis à la lumière du jour, ce trait, trituré, titillé n’est t’il pas un sismographe ?

     Il dit tout du bonhomme et de son moment.

Guillaume Legrand 28 juin 2020

Invitation griggio.jpg
Lecture musicale de Béatrice Prévost, comédienne et Juliette Wittendal, violoniste
1er septembre 2021
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